2019. Shunt, Shunting… Shunted !, Hubhug – 40mcube, Liffré/Rennes, France – Une exposition organisée par GEMINI 8. Avec Lucas Andreac, Brice Aulin, Jules Baudrillart, Mathieu Gruet, Jade Ronat-Mallié,
Gégoire Messeri, Thomas Portier, Anaïs Rallo, Manon Riet
Avec la participation du collectif Shipsides and Beggs Projects et Laurent Tixador. Commissariat : Marine Des Garets, Lucas Andreac.
Shunt, shunting... shunted ! est la première exposition organisée par
l’association GEMINI 8. Son objectif est de rassembler des jeunes artistes et d’apporter une dynamique dans leurs pratiques artistiques.
Partager avec le public la richesse et la diversité de la scène émergente, c’est offrir un regard frais et décomplexé sur l’actualité et l’art
contemporain.
Empreint de l’électronique, le mot « shunt » nous conduit à appréhender la
disjonction et le détournement. Si nous nous intéressons moins au parcours
électrique qu’à l’acte produit, la notion de « court-circuit » pousse à s’interro-
ger sur le processus de déviation. Qu’il soit d’origine volontaire ou acciden-
telle, il suggère une rupture ou une rencontre. Ainsi, par le titre sont proposées
plusieurs temporalités que nous retrouvons au sein des œuvres présentées
dans l’exposition : l’instant T, l’acte en cours de réalisation et l’événement déjà
opéré. Fabriquer un court-circuit, c’est à la fois se jouer des matières et des
objets en les déplaçant de leurs fonctions originelles. C’est aussi mettre le
spectateur à l’épreuve de ses perceptions en produisant des univers d’illu-
sions, tout en rendant visible l’état de leur dysfonctionnement. Comment les
artistes abordent-ils le court-circuit comme matrice de création tout en pro-
posant un chemin de réflexion sur le langage et le monde qui nous entoure ?
Entre détournement et potentialité : le rôle de la matière
Les œuvres de Jules Baudrillart balisent le territoire de l’exposition. Présentes
à différents emplacements, ses pièces mettent en avant l’échec de leurs fonc-
tions originelles. Réalisées à partir de plexiglass et d’impressions numériques,
Les formes suspendues apparaissent comme un trompe l’oeil et questionnent
ainsi la pratique sculpturale de l’artiste. Sa deuxième pièce intitulée Dialogue
est issue de la série De l’or dans nos rues. Elle met en scène des rebuts ma-
gnifiés, réhaussés par une dorure à la feuille, élevant ainsi de simples pierres
au rang d’objets précieux. Brice Aulin privilégie les matériaux de chantiers et
se prête lui aussi à une récolte d’objets qu’il ré-utilise et détourne avec poésie.
Avec Cette face côté ciel et Claw your way to, l’artiste questionne la matérialité
de l’objet et invite le spectateur à la contemplation et la rêverie.
Espaces narratifs et mondes codifiés : vers un nouveau réel
L’œuvre de Jade Ronat Mallié nous permet de faire l’expérience d’un univers
touristique travesti par son excès. La vidéo J’aime le bleu qu’ils ont rajouté
propose l’expérience de l’attente et du vide, tout en invitant le spectateur à
expression possible de ses sentiments. Ses travaux dessinent un monde ar-
tificiel et illusoire dans lequel réalité et fiction dialoguent et se confrontent au
travers des potentialités esthétiques, narratives et poétiques. À travers l’instal-
lation, Thomas Portier et Manon Riet invitent le visiteur à pénétrer un espace
dans lequel il est possible de prendre la mesure de l’univers virtuel, ludique
et contemplatif de leur création. Pour un allègement de la charge du travail
questionne la répartition du temps : « optimisé-médité-donné-et-pris » et les
relations paradoxales qu’entretiennent l’Homme et la machine.
Les réactions de l’échec
C’est à partir d’objets issus du quotidien que Grégoire Messeri questionne et se joue du monde qui
l’entoure. Composée à partir d’une antenne fabriquée en bâtons de ski et d’une télévision catho-
dique, Hertzquark met en scène l’échec d’une transmission, tout en laissant suggérer sa potentialité,
rendue possible par la fin du numérique ou la chute de notre civilisation. À travers une accumula-
tion d’affiches, Lucas Andreac et Mathieu Gruet questionnent quant à eux la surabondance des
images médiatiques, en portant un intérêt particulier à l’infini recyclage des signes et de leurs modes
de consommation. Issue de la série Transfiguration, la photographie Le Réalisme globaliste met en
scène une Joconde (dés)abusée et interroge les mécanismes de la représentation ainsi que de la
transformation de l’art à la marchandise, et la marchandise en art.
Jouer à contre-courant
Anaïs Rallo s’applique à jouer sur les doubles sens, sur l’interprétation de l’observateur, et revendique
une esthétique naïvo-poétique aux allures parfois dérangeantes. À travers, l’affiche de l’exposition,
elle s’amuse des formes et invite le spectateur à l’imagination d’un paysage. Shipsides & Beggs
Projects basent leurs pratiques sur un questionnement hors du commun qui remet en question le
statut de l’artiste et de l’œuvre d’art. En créant eux même leurs instruments et en matérialisant leurs
partitions, ils invitent le spectateur à participer à la désacralisation de l’oeuvre, qui n’est peut-être
qu’un prétexte pour partager et créer du lien entre les individus. Leur recherche artistique, basée sur
l’expérience et le vécu, permet de créer un modèle dans lequel les aventures et les mésaventures
constituent l’épine dorsale de leur processus de création. Ainsi, leur pratique ne vise pas une voix uni-
fiée, mais plutôt un ensemble d’idées et de résultats oscillants, parfois partagés et parfois disparates
et incontrôlables. Accompagnés par Laurent Tixador et les étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges
et dans la juste lignée des projets qu’ils réalisent ensemble depuis 2003, ils proposeront une nouvelle
expérimentation.